“Le monde vrai devient, enfin, medium”. Vie et mort de Black Mirror : le corps glorieux du spectateur
DOI:
https://doi.org/10.6093/2532-6732/10857Abstract
En tant que machine de l’inconscient, dispositif conçu pour capter les fluctuations de l’imaginaire et les translater en flux audiovisuels avant même que les sujets dont elles sont issues soient en mesure de les reconnaître, nommer et entendre, Black Mirror est le cauchemar le plus actuel de l’époque contemporaine, une anticipation phénoménale et phénoménologique de notre actualité. La série nous livre notre histoire tout entière, en montrant à quel point la vie quotidienne est devenue une dystopie, la dystopie que nous habitons, notre dystopie quotidienne. Quel est le rapport entre Black Mirror, les séries télévisées et la vie quotidienne? Est-ce que Charlie Brooker, de la première à la sixième saison de la série, a-t-il prévu la “destruction” de Black Mirror en tant que manière de nous libérer des dystopies contemporaines, ou bien le sien est simplement un jeu du réalisme capitaliste médiatique? Peut-on vraiment détruire Black Mirror, et comment? Tant le récit de la série que son format ébauchent un scénario médiologique et sociétale dont le sujet est à la fois le cœur palpitant et le corps sacrifié, dans une perspective à même de révéler les formes élémentaires de la post-sérialité télévisée.